Quel avenir pour un carburant fossile comme le GPL avec l’électrification galopante ?
Nous avons échangé avec la directrice des affaires publiques et communication de France Gaz Liquides pour essayer d’y voir un peu plus clair.
Pas d’inquiétude dans l’immédiat
« Du point de vue du carburant, nous ne sommes pas immédiatement inquiets dans la mesure où nous sommes sur une tendance de ventes de véhicules neufs qui augmentent beaucoup. Les conversions, si elle restent minoritaires, ne sont pas négligeables. De manière générale, le parc global augmente, même si je n’ai pas encore les chiffres de cette année. Mais en 2020, nous avions un parc de 200 000 véhicules GPL. En 2021, on était à 220 000. Là, j’escompte qu’avec les ventes de Dacia et les nouvelles conversions, ça va encore augmenter. »
D’après les données incomplètes dont nous disposons, les chiffres semblent lui donner raison. Primo, les volumes de GPL distribués ont bondi de 68,7 %… après avoir déjà fortement augmenté en 2021 (+40,3 % par rapport à 2020). En outre, si les ventes de voitures GPL ont à peine progressé en 2022 (+0,9 %), leur part de marché a gagné 0,3 point pour atteindre les 3,1 %. Ce n’est pas négligeable face à la proportion des véhicules Flexifuel pouvant carburer indifféremment au sans-plomb ou à l’E85 qui s’élève, elle, à un pénible 0,8 % (c’est malgré tout 0,7 point de plus qu’en 2021).
Si l’E85 doit son succès sur le marché du neuf à Ford, le GPL le doit surtout lui à Dacia, la marque roumaine représentant à elle seule 87 % des immatriculations totales ! La Sandero est toujours le modèle GPL le plus populaire sur le marché français, mais le Duster a été coiffé au poteau par le tout nouveau Jogger (2/3 des ventes en GPL). Alors, même si les ventes de modèles GPL d’occasion ont un peu reculé (-1,9 %), on parle d’une énergie qui séduit encore et qui peut continuer à nous surprendre dans les prochaines années.
On n’est pas à l’abri d’un revirement
Les ventes devraient se maintenir à un haut niveau pendant quelques temps encore puis décroître progressivement à l’approche de cette année décisive que sera 2035 pour le secteur automobile. Pour le marché du carburant, la fin devrait être pour plus tard. Après tout, si la vente des véhicules thermiques neufs sera interdite à ce moment précis, il y aura encore tout un parc roulant à alimenter. Et puis, ainsi que le note Sophie Gaudillière :
« Même si les décisions semblent s’enclencher dans cette direction, on n’est pas à l’abri d’un revirement parce qu’on va avoir des pénuries de batteries, parce que les chargeurs sont concentrés aux Pays-Bas et dans d’autres pays du Nord mais que ce n’est pas pareil dans le reste de l’Europe, etc. Et pour le moment, c’est un marché qui est mature. Il peut peut-être mourir de sa belle mort mais nous n’avons rien à faire de particulier. Si ce n’est verdir le carburant. Pour l’instant, c’est du GPL fossile, mais il pourrait être complètement renouvelable. Ca fait partie des pistes de travail de la filière. Et peut-être qu’en étant renouvelable, on ne parlera plus à un moment donné de véhicules thermiques mais de véhicules qui fonctionnent avec des carburants renouvelables. »
Aujourd’hui, il y a jusqu’à 10 % de biogaz dans le GPL vendu dans certaines stations. En atteignant 100 % de biogaz, cela permettrait d’éliminer jusqu’à 80 % des émissions de dioxyde de carbone, d’après France Gaz Liquides. Le 0 g/km de CO2 tant chéri par les institutions européennes serait ainsi à portée de main en combinant le GPL avec une hybridation rechargeable. Encore faut-il que le biogaz se développe…
Source: auto-moto